A Bordeaux, une habitation sur quatre est attaquée par les termites
Le Monde du 03.11.01
BORDEAUX, de notre correspondante
La Gironde, comme les autres départements de l'Aquitaine, fait partie des territoires les plus touchés par les termites. "Le climat - doux, tempéré et humide - est idéal pour le développement de ces insectes, explique Jacques Volland, directeur du service communal d'hygiène et de santé de Bordeaux. La région possède également un massif forestier très important, véritable garde-manger pour les termites." Dans les villes, ces petites bêtes volantes n'hésitent pas à s'attaquer aux charpentes, parquets, fenêtres et portes en bois, voire à d'autres matériaux plus insolites : "J'ai vu des livres, des billets de banque, des disques vinyle, des capsules de bouteilles, des tapis et des isolants électriques rongés", se souvient Daniel Parenteau, PDG de la société Bordeaux Termites. Depuis vingt-sept ans, il lutte contre ces xylophages en Gironde. Il a même érigé un musée du termite au siège social de son entreprise.
Le service communal d'hygiène estime qu'une habitation sur quatre dans l'agglomération bordelaise est touchée.
En règle générale, les résidents découvrent le problème à temps : une plinthe s'effrite au passage d'un aspirateur, des traces bizarres apparaissent derrière un papier peint clair, un pied de chaise s'enfonce dans le parquet. Apparemment, ni Raymonde Le Faouder, une vieille dame de quatre-vingt-trois ans résidant à Mérignac, dans l'agglomération bordelaise, ni ses enfants habitant à proximité, n'avaient vu ces signes avant-coureurs. En cette fin du mois d'août 1998, raconte le quotidien Sud-Ouest, Raymonde a eu la peur de sa vie : à l'heure du déjeuner, d'un coup, environ 30 mètres carrés de la toiture se sont effondrés, entraînant le plancher dans leur chute. La charpente avait cédé. La chambre s'est retrouvée sous un amoncellement de poutres et de gravats. Par chance, Mme Le Faouder était dans son jardin au moment de l'accident.
Sous la pression de la population, Bordeaux a été une des premières communes à voter, en juin 1989, un arrêté municipal visant à lutter contre les termites. A la même période, elle a développé un service spécifique : trois agents, armés de tournevis pour mieux sonder plinthes et autres solives, visitent gratuitement les habitations susceptibles d'abriter des termites. Ils livrent ensuite leur diagnostic. Depuis sa mise en place, le service inspecte en moyenne 380 habitations par an dont 20 % présentent des attaques de xylophages. "Mais les grosses attaques catastrophiques n'existent quasiment plus, affirme Jacques Volland. Le phénomène est même en régression sur Bordeaux, même s'il est difficile de le prouver, car les gens prennent conscience du problème, et ils veulent préserver leur patrimoine."
Claudia Courtois